Installé depuis 1991 sur un domaine d’environ deux hectares et situé sur l’axe Togbin – Avlékété, à hauteur de Hio Houta, le temple vodoun « La Lumière » se présente comme une véritable richesse pour le patrimoine culturel du Bénin. Afin de mieux découvrir les trésors que recèle ce temple, votre journal a eu l’honneur de rencontrer Dah Bokpè Houézrêhouèkê, fondateur du temple.

Présentez-vous, s’il vous plaît

Bonjour chers amis. Je suis Alain-Maurice Kodjo Prince Bokpè, chef de la collectivité Bokpè de Ouidah connu sous le nom de Dah BOKPÈ HOUÉZRÈHOUÈKÊ. Titulaire d’un doctorat en histoire, je suis également ingénieur diplômé d’État en transports, astrologue diplômé et entrepreneur engagé. Résidant en Allemagne depuis de nombreuses décennies, j’ai récemment accordé une attention renouvelée à mon pays d’origine, en raison de mes responsabilités tant culturelles que cultuelles. Je suis marié et père de quatre enfants.

Dah Bokpè Houézrêhouèkê, nous avons eu l’occasion de visiter le Temple Vodoun « Adjahouto-Houta » à Avlékété (Ouidah) et en avons été profondément impressionnés. Tout en vous adressant nos sincères félicitations, pourriez-vous nous éclairer sur son origine et son histoire ?

Le Temple Vodoun « La Lumière » est né de ma détermination à embrasser et à réaliser mon destin, un destin qui avait été prédit avant ma naissance par mon défunt grand-père, BOKPÈ Totchoédo, chef des Vodoun Atchinan de Ouidah à cette époque. Ce dernier avait conseillé à mon père, alors jeune homme, que son premier enfant serait un garçon, l’élu chargé de préserver et de promouvoir les divinités de notre lignée.

Dès l’âge de douze ans, j’étais profondément immergé dans les réalités de notre culture. Une oracle avait prédit que je devrais entreprendre un long voyage avant de revenir pour accomplir le but ultime de ma destinée, c’est-à-dire l’accomplissement de cette prophétie. Ainsi, en 1981, je suis parti en Allemagne. Après avoir terminé mes études, je me suis installé là-bas et créé entre autres une entreprise dédiée à la promotion culturelle.

Cette société a évolué pour devenir, entre les années 1987 et 1989, l’Office du Tourisme de l’Afrique de l’Ouest (OTAO), le seul tour-opérateur à prescrire des voyages vers l’Afrique de l’Ouest depuis l’Allemagne, avec comme produit phare la tradition Vodoun.

En raison de la diversité des divinités qui caractérisent notre pays, j’ai constaté les défis organisationnels et logistiques auxquels se heurtaient les touristes, qui devaient souvent parcourir de longues distances pour visiter différents couvents. De plus, les maux mystico-spirituels que posaient souvent les Européens nécessitaient des déplacements encore plus longs.

C’est ainsi qu’est née l’idée de rassembler en un seul lieu un maximum de divinités, afin de proposer une expérience d’immersion unique. Cela permettrait aux visiteurs de découvrir rapidement la richesse et les attraits de nos traditions spirituelles.

Le nom « Adjahouto » fait référence à l’ancêtre fondateur des royaumes du Sud-Bénin, et cet esprit guide encore aujourd’hui la plupart de nos actions, comme l’ont affirmé mes grands-parents et mon défunt père. Bien que le temple se situe à Ouidah, ce choix de nom est profondément lié à nos racines et à notre histoire.

Lors de ma rencontre avec les hauts dignitaires d’Allada, j’ai partagé mon dévouement au service de nos ancêtres et ma quête des origines. En reconnaissance, les dignitaires ont décidé, après consultation, de ramener au Temple Vodoun « La Lumière » l’un des assen authentiques (Tohio) de l’ancêtre Adjahouto, permettant ainsi à son esprit de répandre ses bénédictions au sein du sanctuaire. Cet assen (Tohio), encore présent aujourd’hui, est l’une des divinités majeures du temple. C’est en hommage à cet héritage et à l’importance d’Adjahouto que j’ai choisi de baptiser ce sanctuaire de son nom.

Quels sont les objectifs de l’implantation de ce site ?

L’objectif général du Temple Vodoun « La Lumière » est de promouvoir le Vodoun auprès des Européens en les initiant à cette culture spirituelle. Nous nous positionnons également comme une alternative endogène qui peut les aider à résoudre leurs difficultés spirituelles.

De manière spécifique, nous visons d’abord à nous réapproprier notre propre culture afin de mieux l’appréhender et ainsi la présenter aux Européens, qui, contrairement aux apparences, montrent un réel intérêt. Ensuite, nous proposerons une variété de services touristico-culturo-spirituels destinés à tous les visiteurs, en particulier ceux d’Europe et de la diaspora africaine.

Quelles sont les principales activités menées sur le site ?

En termes d’activités, nous organisons en général des séminaires et des expériences d’immersion en lien avec nos vodounons, nos hounnons et autres sachants, pour les groupes de touristes qui visitent le Bénin en quête d’authenticité et de connaissances sur le Vodoun. Nous faisons aussi la consultation de Fâ ainsi que les rituels et sacrifices subséquents, des incantations à diverses divinités et d’autres rituels en faveur de nos visiteurs et en fonction des demandes et sollicitations.

Comment le site est-il géré en votre absence ?

Je viens de déclarer que nous menons nos activités en lien avec les Vodounon et Hounnon. C’est dire que chaque divinité dispose d’